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Joseph Mitchell est décédé en 1996 à l’âge de 87 ans. Journaliste au New Yorker durant presque cinquante ans, il compose pour ce dernier la presque totalité de ses chroniques, rassemblées dans les recueils My Ears are Bent, Mc Sorley’s Wonderful Saloon (Le Merveilleux Saloon de Mc Sorley, éditions Diaphanes, 2016), Old Mr Flood, The Bottom of the Harbor (Le Fond du port, Editions du Sous-Sol, 2017), et Joe Gould’s Secret (Le Secret de Joe Gould, Autrement, 2012, à reparaître en Folio Gallimard).
Auteur et chroniqueur New Yorkais majeur du XXe siècle, encore méconnu en France, quoique largement loué par ses pairs (Salman Rushdie, Paul Auster...), les trente dernières années de sa vie sont dominées par une longue et désormais légendaire aphasie littéraire.
Il est impossible de savoir avec certitude si Joseph Mitchell considérait comme individuellement terminés chacun des textes posthumes qu’il a laissés mais ils forment un ensemble qui lui ne l’est pas, un projet de mémoires entrepris à la fin des années soixante qui, comme ses autres écrits à partir de cette période, ne fut jamais achevé. Pendant les trente et une dernières années de sa vie Joseph Mitchell n’a plus proposé aucun texte au New Yorker tout en continuant à s’y rendre quotidiennement. Les témoins se souviennent pourtant du son de la machine à écrire derrière la cloison de son bureau. Dans un hommage qui lui est rendu à sa mort on peut lire que « Si son nom n’est pas aussi largement connu qu’il aurait pu l’être, c’est principalement dû au fait que, durant les trois dernières décennies de son existence, il n’ait écrit aucun mot que quiconque ait pu voir. Il s’est rendu pendant des années à son minuscule bureau du New Yorker et a assuré ses collègues qu’il travaillait sur quelque chose mais que ce n’est pas tout à fait prêt. Il disait à ses amis qu’il écrivait sur ses racines en Caroline du Nord (...) Puis c’était un livre sur sa vie à New York. »