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Un laboratoire inédit au théâtre national de La Colline

Vie et Mort sont inséparables. Dans notre société occidentale pourtant, la mort est souvent une réalité déniée, cachée.
En septembre 2017, Anna Nozière propose au théâtre national de La Colline d’accompagner douze acteurs volontaires dans une expérience. Tous sont invités à explorer l’idée de leur mort et à tenter de lui attribuer collectivement une place. Dans ce travail dont Anna ne sait pas encore quelle forme il prendra, interviendront des personnes aux croyances et aux cadres de référence différents, qui dialogueront ensemble et avec l’équipe d’acteurs : deux chamans, des physiciens quanticiens, et un medium au sens étymologique du terme (au milieu des vivants et des morts).

S’ensuivent à La Colline des journées qui se construisent à tâtons. On y partage des peurs, des deuils, des fous rires devant le vocabulaire ésotérique, des discussions passionnées où chacun est bousculé dans sa vision de la mort, des passages au plateau pour tenter de faire exister l’invisible, un rite de passage ancestral de la vie vers la mort qui marquera profondément les acteurs et fera surgir une nouvelle théâtralité, et, au fur et à mesure de ces trois semaines, sans qu’on l’ait vu arriver, la sensation que vivre en compagnie de notre mort nous rend plus vaste. Et que nous vivons avec plus de souffle.

Bouleversée par tant de vitalité, interpelée par ce qui a émergé au plateau, Anna Nozière commence à imaginer un spectacle à partir de cette expérience. Avec la complicité du Studio-Théâtre de Vitry elle met en place un nouveau laboratoire pour tracer les premières lignes d’Esprits. Le langage des corps s’invente une nouvelle fois, dépourvu de mots, comme s’il était nécessaire à ces acteurs sans rôle d’être dans leur unique présence pour se relier à ce qui est plus grand qu’eux. Et cela frappe Anna à nouveau. Les réactions d’un public invité la confortent, enfin, dans la possibilité comme dans la nécessité d’écrire un spectacle poétique pour se réconciler avec la dualité du Vivant.